TIFF 25 - Eternal Return cartographie les émotions !

Présenté cette année en première mondiale au TIFF, « Eternel Return » est une œuvre singulière qui mêle romance, voyage dans le temps et méditation poétique sur la mémoire et le deuil. Réalisé par Yaniv Raz, le film réunit Naomi Scott et Kit Harington, dans un duo aussi fragile qu’intense.
 
Naomi Scott incarne Cass, une jeune femme marquée par une perte tragique qui a fini par se protéger derrière une carapace émotionnelle. Sa vie bascule lorsqu’elle rencontre Vigil, un cartographe incarné par Kit Harington. Mais Virgil n’est pas un cartographe ordinaire : il trace des cartes de lieux imaginaires, comme s’il cherchait à donner une forme visible à l’invisible ou à cartographier l’âme. Ensemble, ils vont tenter, à l’aide d’un personnage plus âgé et charismatique, Malcolm, joué par Simon Callow, de remonter le temps, non pas pour changer le passé, mais pour retrouver la capacité de Cass à aimer.
 
La force de ce film réside dans ses thèmes universels : le deuil, la peur de souffrir, la possibilité de renaître à l’amour à travers un prisme fantastique et poétique. On sent que Yaniv Raz s’intéresse moins à la logique du voyage temporel qu’à son potentiel métaphorique. Le temps devient ici un espace intérieur, une géographie émotionnelle où l’on se perd, mais où l’on peut aussi retrouver des fragments oubliés de soi-même.
 
La distribution porte ce récit avec justesse. Naomi Scott livre une performance nuancée oscillant entre fragilité et force contenue. Face à elle, Kit Harington incarne un Vigil mystérieux et rêveur, qui rappelle ces rôles les plus épiques, mais dans un registre plus intime. Leur alchimie donne au film son souffle émotionnel, et Simon Callow, avec son expérience et sa présence théâtrale, vient compléter ce trio avec une touche de sagesse et d’excentricité.
 
Bien sûr, « Eternal Return » n’échappe pas à certains écueils. Le risque d’un mélodrame un peu convenu plane parfois, surtout dans la manière dont est représentée la femme blessée que seul l’amour peut sauver. Le rythme par moment se fait contemplatif, au risque de perdre un spectateur habitué à des romances plus dynamiques. Mais sa longueur fait partie de l’ambiance, comme si le film nous invitait à ralentir, à prendre le temps d’explorer ses paysages intérieurs.


Chronique : Quitterie Hervouet
Crédits photo: TIFF
TIFF 25 - Eternal Return cartographie les émotions !
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