Les Podcasts de CHOQFM 105.1

Au Festival du film international de Toronto cette année, l’un des films, les plus intrigants, s’intitule « Rose of Nevada », signé par le cinéaste britannique Mark Jenkin, qui nous avait déjà offert « Bait » et « Enys Men », des films reconnus pour leurs esthétiques artisanales et leurs atmosphères sensorielles uniques.

Encore une fois, Jenkin, qui tourne en 16 mm, compose une expérience presque tactile : les images sont granuleuses, le son est travaillé comme une matière brute. On entend le vent, les vagues, le bois qui craque… Chaque détail sonore nous plonge dans une ambiance à la fois poétique et inquiétante.

L’histoire est mystérieuse : un bateau disparu depuis plusieurs décennies réapparaît et ses occupants se retrouvent propulsés dans un étrange voyage temporel vers les années 1990. Peu à peu, les personnages se confondent avec ceux du passé, comme si le temps lui-même effaçait les frontières entre ce qui a été, et ce qui est encore possible.

Le film interroge le deuil, la mémoire, le regret, mais aussi cette tentation de revenir en arrière pour réparer ce qu’on a perdu. Dans les rôles principaux, George Mackay et Callum Turner portent le récit avec beaucoup de subtilité : l’un lutte contre l’inexplicable, l’autre accepte de se laisser happer par ce destin hors du commun. 

Mais attention : « Rose of Nevada » n’est pas un film facile. Son rythme volontairement lent, ses répétitions et ses zones d’ombre risquent de désarçonner. Certains spectateurs pourront trouver l’expérience frustrante, d’autres, au contraire, seront fascinés par ce cinéma, qui ne cherche pas à tout expliquer, mais plutôt à faire ressentir.

 

En somme, Mark Jenkin propose moins une histoire traditionnelle qu’un rituel cinématographique. « Rose of Nevada » est un film qui se vit comme une expérience sensorielle et poétique où le passé et le présent s’entrelacent dans un vertige troublant.